Vous ne savez pas où aller cet été ? A la recherche de dépaysement et de fraîcheur en ces périodes caniculaires ? Allez goûter à la fraîcheur procurée par un verre de Muscadet souple et fruité dans la douceur du pays Nantais.
Qu’est-ce le Muscadet ?
Le mot Muscadet lui-même suffit à évoquer, chez les connaisseurs comme chez les néophytes, l’idée de la délicate fraicheur et du fruité subtil de ce vin blanc convoité dans le monde entier. Bien qu’étant un blanc sec, il jouit, à juste titre, de la réputation d’un met savoureux dont on se délecte avec parcimonie pour les occasions particulières. Synonyme, généralement, de réjouissances, cette liqueur délicieuse et de plus en plus en vogue n’en finit plus d’être attrayante, voire sulfureuse quand il s’agit de crus élevés sur lie avec cette attention toute particulière qui leur confère cette robe voluptueuse tellement caractéristique des grands Muscadets. Dès sa première référence littéraire, le Muscadet est immédiatement mis au rang de grands crus tels l’Anjou, le Graves, l’Arbois, la Beaune ou encore le Malvoisie par Rabelais déjà vers 1530, dans son célèbre Oracle à la bouteille. Malheureusement, le fameux auteur français ne fait état d’aucun indice sur la provenance de ce délicat nectar. Ce n’est que cent ans plus tard qu’un parchemin daté du 20 janvier 1635 retrouvé sur le domaine du château de l’Oiselinière, dans la Loire-Atlantique, nous apprend que cette appellation réfère à un vin issu principalement de la surprenante vallée de Clisson, près de Nantes, où se situe évidemment ce domaine l’Oiselinière.
D’où vient le Muscadet ?
Les ceps développent dans ces terres du vignoble nantais une symbiose particulière qui confère au différents Muscadets, particulièrement ceux élevés sur lie, cette douceur fruitée et cette robe riche et pleine d’arômes qui caractérisent si bien ce blanc sec parfait pour accompagner vos plats iodés. Il n’y a rien de surprenant à ce que ce vin soit produit dans la vallée de Clisson ou dans le reste du pays Nantais, bien au contraire. Cette région a une forte production viticole depuis l’antiquité ; quand l’empereur romain Probus fait planter les premiers ceps. Les travaux des abbés Travers et La Borderie nous apprennent même que par la suite, les vignes sont devenues très à l’honneur aux abords de l’estuaire de la Loire et dans la région de Nantes au IVème siècle, grâce à l’appui des abbayes locales. Ce qui est surprenant en revanche, c’est la forte influence méditerranéenne qui a toujours soutenue le développement de la viticulture dans cette région du Nord-Ouest de la France. Déjà au XIème siècle, suite à la dévastation du pays Nantais par les invasions Normandes, le vignoble est, semble-t-il, reconstitué principalement grâce à une souche méridionale, un pinot noir. Beaucoup cultivent encore des pinots autours de Nantes, mais ils ne bénéficient pas de l’appellation Muscadet.
Le petit côté italien du Muscadet.
En parcourant les vignobles et pittoresques villages de la vallée de Clisson, au sud du cours de la Loire, une étrange atmosphère rappelant singulièrement l’Italie enveloppe le touriste. Au soleil en plein été, on s’y croirait presque ! Et c’est certainement dans ces moments-là qu’un petit verre de Muscadet bien frais est le plus savoureux ! C’est certainement grâce aux efforts et à la détermination des amoureux du vin de la région que l’appellation Muscadet prend déjà il y plusieurs centaines d’années une image fortement attrayante. Ce vin est tellement apprécié en France et en Europe que le Duc Jean V de Bretagne cultive lui-même plusieurs parcelles de vignes dans les cours du château des Ducs de Bretagne (Nantes) ; et son ascension dans les petits papiers des fins palais se poursuit donc jusqu’au point où Rabelais chante ses louanges.
Le Muscadet une renommée internationale.
Le vignoble Nantais connait un essor formidable au cours du XVIIème siècle. En raison de la situation géographique du vignoble et du contexte politique de la Bretagne à cette période, les investisseurs hollandais permettent aux productions de s’agrandir et de gagner en productivité. Grâce aux facilités de transport que présente le port de Nantes, le Muscadet commence à beaucoup s’exporter à cette période et gagne déjà une renommée internationale. Mais à cette époque, le Muscadet devait avoir un goût bien différent de celui que nous lui connaissons aujourd’hui. En effet, en raison de la faible résistance des vignes méridionales au climat océanique, l’ancestral pinot noir est abandonné en faveur du Melon de Bourgogne, pendant le XVIIème siècle. Cette souche, le Melon de Bourgogne, est reconnue depuis 1937 comme étant le cépage unique donnant le vin AOC Muscadet. Mais lui aussi a souffert en pays Nantais. Pas du climat cette fois, mais d’envahisseurs américains. La seconde moitié du XIXème voit les vignes nantaises se faire dévorer par un puceron importé d’Amérique. Les vignerons sont alors contraints d’importer également la solution : une souche américaine pouvant résister à ce dévastateur puceron du nouveau monde, sur lequel ils vont greffer des Melons de Bourgogne.
Les révolutions viticoles et le Muscadet.
Pendant le XXème, le Muscadet perd de son faste auprès des amateurs de bon vin. Mais ce siècle est aussi témoin de nombreuses révolutions viticoles dont le Muscadet va savoir tirer avantage pour faire son retour en haut de l’affiche à la fin du millénaire. L’utilisation de techniques de macération avant fermentation et de fermentation sur lie permettent aux différents Muscadets de s’établir comme des incontournables de la table. Les robes et les arômes de ces vins délicats s’enrichissent et s’affinent, gagnant de nombreux admirateurs au cours des années, jusqu’à officiellement remplacer en 2012 le champagne traditionnellement servi pour les réceptions de l’Hôtel Matignon. Le « Vin de Vallet », comme on appelle aussi le Muscadet, compte désormais sans aucun doute parmi les grands vins de ce monde. Avec plusieurs centaines de milliers d’hectolitres produits chaque année, le Muscadet s’exporte aujourd’hui extrêmement bien, dans les quatre coins de l’hexagone comme à l’international, et vous pouvez certainement en trouver chez votre épicier ou dans votre supermarché local. Mais je ne peux que vous conseiller d’aller le goûter sur place, à Nantes.
Nantes et le Muscadet.
La cité bretonne est à découvrir absolument. Chargée d’histoire, riche de culture et de diversité, Nantes ne manquera pas de vous surprendre. Adaptée à tous les âges, cette ville propre et dynamique est un véritable régal pour les sens. De la majestueuse Cathédrale Saint-Pierre à l’impressionnant Château des Ducs de Bretagne, vous ferez des découvertes à tous les coins de rues. Vous emprunterez peut-être l’étonnant passage Pommeray, ou alors peut-être serrez-vous surpris au détour d’une rue en tombant sur le gigantesque Eléphant mécanique ; sans oublier les travaux de l’école d’architecture sur lesquels vous vous arrêterez certainement. En parlant de s’arrêter, la place Bouffay et son étage imaginaire valent le détour. Cette œuvre produit toujours un effet inattendu sur les gens qui la voit pour la première fois. Asseyez-vous à une terrasse et savourez un verre de Muscadet en essayant de comprendre comment ça tient en l’air… Bonne chance ! Les fêtards ne sont pas en reste non plus à Nantes. La ville étudiante fait de nombreux jaloux en France en ce qui concerne les divertissements pour les ados et jeunes adultes. La ville portuaire regorge en effet de nombreux restaurants, bars, et boîtes de nuits qui vous assureront un séjour sans pareil. Idéale en été pour éviter les températures caniculaires, la région Nantaise attire de plus en plus grâce à son climat doux qui permet de profiter pleinement de la campagne, de la mer ou du centre-ville sans risquer l’insolation. Et pour les jours où il fait trop chaud même à Nantes, un petit verre de Muscadet qui sort du réfrigérateur vous aidera toujours à vous rafraichir ! Un véritable régal avec un plat d’huitres ou un poisson en sauce. A consommer avec modération bien entendu !
Crédit/Photo: Par guitou60